. Dans sa série "Metalocus", les
bâtiments industriels se métamorphosent en un entrelacs de volumes, de façades,
de passages savamment imbriqués, au service d’une vaine production à grande
échelle. L’architecture apparaît alors comme un prétexte revêtant l’allure
d’une machine à fabriquer du vide, souvent isolée dans un paysage aride, où se
révèlent les stigmates d’un laborieux passé oublié. Ces sites recomposés par
fragments d’images semblent surgir d’un épais brouillard de poussières aux
tonalités et au souvenir gris ciment.
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Meta locus n°1 400x120 / philippe calandre 2015 |
Dans In Perceptivo, des bâtiments indéfinissables de tailles
monumentales semblent être perdus dans des paysages lunaires.
Dans cette série ces constructions prennent une dimension
interstellaire, elles apparaissent ici en l’état d’hybridation permanente
donnant parfois l’illusion de potentielles sculptures en devenir, abandonnées à
la surface d’un territoire hostile, autant de monolithes, ou formes modulaires,
qui s’entrechoquent et cohabitent dans un profond silence ….
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Kepler n° 2 / philippe calandre 2016 |
Dans un autre registre l’artiste s’intéresse aussi aux grandes
Mégapoles, il aime malmener les règles du jeu, les villes orgueilleuses comme
Singapour, Venise, Bruxelles deviennent cénotaphes ou vestiges d’une ère
révolue. Il porte son regard sur l’incohérence de l’urbanisme et sur les
diverses strates historiques des bâtis qui le composent, nous invitant à faire
un rapprochement direct entre architecture et les différents pouvoirs
successifs qui les ont érigées. « Je ne vois que la surface spectaculaire
des ouvrages » précise-t-il. Les façades apparaissent comme des décors de
scènes de théâtre où l’homme aurait déserté les rues pour fuir à l’extérieur
respirer l’air pur, loin des tumultes.
L’humain a-t-il encore sa place dans les
mégalopoles ? Quel vide ou quel espace de respiration reste-t-il dans nos
villes ? pourquoi sont-elles devenues invivables, des zones de remplissage
et d’accumulations ?
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Sun Tec City 10 / philippe calandre 2019
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En
accentuant les caractéristiques urbanistiques des villes qu’il arpente, l’artiste nous ouvre les
voies vers la nécessité d’aménager autrement et de rendre possible la présence
des êtres vivants, humains et non humains, Telles sont les questions et les
enjeux soulevés dans le travail de Philippe Calandre.
Ses images dressent un état des lieux de l’influence de
l’architecture sur nos façons de subir l’urbanisation galopante. Autant de
questions qui restent sans réponses. Elles renvoient aux tentatives des villes
nouvelles, ou construites de toute part telles que Brasília, dont les bâtiments
de Niemeyer incarnent une ambition certaine du pouvoir de l’époque pour nous
faire oublier l’existence d’autant de Favelas.
En
résidence au centre d’art la
Théorie des Espaces Courbes (TEC) de Voiron dans l'Isère,
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TEC In The Sky / philippe calandre 2021 |
il restitue une nouvelle série d’images
d’usines improductives, à partir d’autres qu’il a photographiées, telles qu’une
cimenterie et une papeterie abandonnées.
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Chaos / philippe calandre 2021 |
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Forge / philippe calandre 2021 |
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Unfinished Building / philippe calandre 2021 |
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Drinking Water Plant / philippe calandre 2021 |
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no title / philippe calandre 2021 |
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Desaster / philippe calandre 2021 |
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Persepolis / philippe calandre 2021 |
Durant cette résidence, il s’est concentré principalement
sur ces deux bâtiments qu’il a peu à peu déconstruit en répétant un motif, un
module de fenêtre, qui démultiplié, l’amène à des compositions où se révèlent
une explosion des possibles, un cataclysme de géométries. Philippe Calandre, en
se soumettant à cette contrainte d’une réduction d’images sources, découvre une
infinité de combinaisons possibles. Par ce jeu de construction, au fur et à
mesure ses images prennent des distances avec les représentations formelles des
fausses images du réel auxquelles il nous a habitué, et tendent vers
l’abstraction. Celles-ci présentent des effets optiques, entre enfermement et
ouverture, vers un ailleurs lointain. L’artiste crée des assemblages de
volumes. Naissent alors des vues en plongée, des percées qui rendent
l’architecture d’autant plus frontale et longiligne. Il déforme les
perspectives et les points de fuite, renverse la lecture et nous invite à lever
les yeux vers le ciel. Ses déconstructions créent des paysages où tout est
encore possible ou presque.
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Dream Trap/ Philippe calandre 2021 |
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Five/ Philippe Calandre 2021 |
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Metropixelis / philippe calandre 2021 |
Ses combinaisons de tracés découpés qui font
écho à des immeubles et la percée vers un ciel bleu ponctué de nuages, créent
autant de portes indiquant la sortie. Des ombres et lumières traversent les
grattes ciels et les multiples amalgames gratifient les volumes. Les formes
proliférantes créent des pertes de repères et des chavirements d’équilibre,
nous éloignant du sujet architectural originel. En privilégiant une diversité
de formats de ses images, Philippe Calandre nous incite à regarder autrement
les espaces urbains et s’accorde avec les lignes spatiales du lieu
d’exposition.
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Springboard1 / philippe calandre2021 |
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Arc / philippe calandre 2021 |
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Angular / philippe calandre 2021 |
L’artiste
déconstruit le bâti pour le libérer de ses contraintes
terrestres, le regard peut voyager au delà du
cadre où
le hors-champ nous invite insidieusement vers une nouvelle ère.
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Springboard / philippe calandre 2021 |
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Roof / philippe calandre 2021 |
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The Fall / philippe calandre 2021 |
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Springboard2 / philippe calandre2021 |
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Aircooling1 / philippe calandre 2021 |
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Aircooling2 / philippe calandre 2021 |
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la Defense2075 / philippe calandre 2021 |
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Connexion / philippe calandre 2021 |
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Archiglasses / philippe calandre 2021 |
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Pixels city / philippe calandre 2021 |
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Angular2 / philippe calandre 2021 |
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Pixels city1 / philippe calandre 2021 |
Ses
œuvres proposent tantôt des vues plongeantes sur les toits imbriqués d’une
ville entre jour et nuit, tantôt les buildings servent de rampe de décollage d’où
les spectateurs sont propulsés vers de célestes destinations. Elles manifestent
toute l’ambiguïté des grattes ciel entre attraction et répulsion et mettent en
évidence nos désirs de prendre de la hauteur. Cette résidence à la TEC lui a
permis de se détacher d’autant plus du sujet pour construire des images qui
rejoignent l’esthétique de l’art abstrait et de l’op art. Il passe de la
photographie à un travail d’assemblage, d’articulations, de fragments d’images
afin de réaliser des œuvres ouvertes vers d’autres perceptions, celle du vide
et d’une plongée vertigineuse vers l’immensité d’une ville.
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Vue de l'exposition Space Factories à la TEC /2021 |
Philippe Calandre / Photographe Auteur
_ Sélection d’expositions personnelles
2025 – IA = ICY & ARID – Galerie Trigram – Dijon – France
2021 – UNSEEN CITIES – Théâtre de la Cité internationale – Paris – France
2021 SPACE FACTORIES - La TEC - La Théorie des Espaces Courbes - Centre d’art alternatif - Voiron
2020 DEDOUBLEMENT REALITE - Espace Valles centre d’art contemporain - Grenoble
2019 IN PERCEPTIVO 2 - Hôtel du musée - Arles
2018 BELGICA PARADISE - Le Hangar Art Center - Bruxelles
2018 IN PERCEPTIVO - Galerie Vrais Rêves - Lyon
2018 MINDSPACES - Kalinka Art-Gallery - Pondichery - Inde
2017 UTOPIA - Galerie Goutal - Aix en Provence
2016 IN PERCEPTIVO - Espace Valles - Centre d’art contemporain - Grenoble
2015 META LOCUS - Andata.Ritorno - Llaboratoire d’art contemporain - Genève
2015 ISOLA NOVA - Espace Richaud - Versailles
2014 - 2015 ISOLA NOVA - Wilmotte Gallery at Lichfield Studios - Londres
2013 - 2014 ISOLA NOVA - Fondation Wilmotte - Venise
2012 FICTION FACTORIES - Galerie Esther Woerdehoff - Paris
_ Selection d’expositions collectives
2024 – 21 Festivals et Foires de Photographie s’exposent – La Poste Rodier, Paris – France
2024 – ZOO – galerie Plateforme.paris, Paris – France
2024 – N( ) tre image N( autre) image – Éditions La Lettre Volée, Bruxelles – Belgique
2022 – VARIA – Abbaye Saint-André – Centre d’art contemporain, Meymac – France
2022 – OUTLAND – Plateforme, Paris – France
2022 – SO BURN OUT – Galerie Cecilia F., Paris – France
2020 TEMPS SUSPENDUS - Plateforme - Espace d’art contemporain - Paris
2019 DO NOT INTERRUPT YOUR ACTIVITY - Espace potentiel - Galerie de l’ERG - Bruxelles
2018 BIT20/Biennale de l’image tangible - Plateforme - Espace d’art contemporain - Paris
2014 THERE IS NO CURRENT EXHIBITION - Andata.Ritorno - Laboratoire d’art contemporain - Genève
2009 FOTO POVERA 5 - Opal Gallery - Atlanta
2009 HORIZON VERTICAL (Bunker) - Villa Rothschild - Cannes
2008 PLEDGE FOR HUMAN RIGHTS - Womblock Art Center - Taipei - Taiwan
2006 WORKING PROGRESS - Art District with Pina Bausch’s Company, pear2 - Taiwan
2006 GRANDES VACANCES (Bunkers) - Galerie Anne Barrault - Paris
2006 SUGAR FIELD FACTORY - Kio-A-Thau Residency Ciaotou - Taïwan
2004 SURVEILLANCE « Dans les pas de Lucien Hervé » - Musée André Malraux - Le Havre
2002 AD VITAM AETERNAM, photographies & videos - Galerie Schroeder Romero - New York
2002 GHOST STATIONS « Traces d’humanité » - Galerie Anne Barrault - Paris
2001 SILOS – FIAC - Galerie Anne Barrault - Paris
2000 GHOST STATIONS - Artissima - Galerie Anne Barrault - Turin
_ Collections publiques & privées
Fonds National d’Art Contemporain, FRAC - France / Fondation Wilmotte / La Cornue S.A
Olivier Waltman collection privée / Anne Barrault, collection privée / Fondation Artémide Milan
Juste grandiose
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